dimanche 10 décembre 2017

Il fait de vieux os


Philippe Taquet, L'empreinte des dinosaures. (Odile Jacob)


Je m'apprête à vous dévoiler un petit secret, un grand amour, une vive passion qui grandit en moi depuis ma plus tendre enfance et qui nourrit continuellement mon imagination. Tantôt insistante, tantôt discrète, elle se réveille parfois à la faveur de mon temps libre, m'entraînant alors dans une boulimie de connaissances et de découvertes. J'ai toujours été un passionné de sciences, un petit rat de laboratoire, ce n'est pas un secret. Mais il y a un domaine d'étude, une science à la frontière du fantastique, qui vit au plus profond de moi : la paléontologie, ou selon la définition du Muséum national d’histoire naturelle, l’étude de la vie passée au travers des êtres et organismes fossilisés ayant existé au cours des temps géologiques.

Rien de bien original peut-être, pour un enfant d'être fasciné par ces “lézards terribles” : chasseurs carnivores, pacifiques herbivores, parfois munis d'armes mortelles ou de carapaces indestructibles. Ils sont en effet si fascinants et ont nourri l'imagination de nombreux auteurs, dessinateurs et cinéastes. Je suis d'ailleurs toujours émerveillé d'apercevoir de nombreux groupes d'enfants arpentant les allées des muséums d'histoire naturelle, s'intéressant sincèrement, posant des questions et étant souvent bien plus érudits sur le sujet que la plupart des adultes. Mais pour une raison qui m'échappe, en grandissant, les enfants devenant adultes perdent parfois cette admiration, cette petite étincelle qui luit dans leurs yeux lorsqu'ils se posent sur une illustration reconstituée d'un de ces fascinants reptiles. Pour d'autres, probablement d'éternels enfants, la passion demeure, s'intensifie même, au point d'en devenir une raison de vivre, et en tout cas un métier, celui de ‘’chercheur d’os’’. C'est très probablement le cas de l'auteur dont je vais vous parler : un grand monsieur, Philippe Taquet.

Philippe Taquet est paléontologue, spécialiste mondial des dinosaures, professeur au Muséum national d’histoire naturelle et membre de l’académie des sciences. Son curriculum vitae ne laisse aucun doute sur sa contribution fructueuse envers la communauté scientifique dans les domaines de la géologie, la paléontologie et plus généralement des sciences de la vie et de la Terre. Pour l’anecdote, une équipe américaine lui a rendu hommage en confiant son nom à un dinosaure sauropode récemment découvert au Niger, Nigersaurus taqueti.

Dans son ouvrage L’empreinte des dinosaures, il nous invite à le suivre dans ses aventures trépidantes à travers le monde (Niger, Brésil, Maroc, Laos, Mongolie et bien sûr Europe) et nous fait revivre ses découvertes fascinantes : crocodile géant, Ouranosaure, Cétiosaure, Tarbosaure, Sauropodes, et de nombreux autres. Les trois cents pages de ce livre sont autant de mines d’informations scientifiques : anatomie, histoire évolutive, géologie, etc. mais pas seulement. Monsieur Taquet se révèle être également un fin historien des sciences qui dévoile astucieusement l’histoire des grandes découvertes paléontologiques des deux ou trois derniers siècles afin de mieux contextualiser les découvertes plus récentes.

La force de cet ouvrage n’est pas seulement son contenu scientifique, mais aussi et peut-être surtout son contenu humain. On y découvre des pays et des peuples lointains, d’autres cultures, des hommes et des femmes pour qui la paléontologie prend peut-être un tout autre sens (voir les buffles sacrés du Laos !). Philippe Taquet porte sur ces populations un regard toujours bienveillant et respectueux. On se retrouve totalement immergé dans ces aventures qui ne manquent pas de dangers et de péripéties. Ne croyez pas qu’un livre de sciences soit nécessairement dépourvu d’émotions. Ce livre en regorge. De la joie de la découverte à la mélancolie d’un hommage posthume en passant par l’inquiétude face à des conditions éprouvantes, tout y est fidèlement retranscrit.

Pour conclure, L’empreinte des dinosaures est un récit passionnant, à mettre entre les mains de tous les amoureux de paléontologie. Il se lit facilement car le style y est simple et direct, il est illustré de photographies appartenant à l’auteur et est parsemé de pointes d’humour. Je le recommande chaudement, aux adultes bien sûr, mais aussi aux enfants ! Je finirai par citer la dernière phrase du livre : “Puisse le destin des dinosaures servir utilement aux hominidés que nous sommes de sujet de réflexion et de méditation”.

Pour les plus curieux :

Fiche de membre de l’Académie des sciences :

Une superbe conférence à l’espace des sciences de Rennes, Des dinosaures carnivores aux oiseaux : l’envol d’une idée.

Des podcasts sur France Culture :

La page paléontologie du Muséum national d’histoire naturelle :

lundi 29 mai 2017

Espèces d'Ours ! Une exposition pas si bête...

Ours brun dressé.
Il y a un endroit dans Paris où je ne me lasserai jamais de flâner : le jardin des Plantes. Situé dans le 5e arrondissement, ce jardin botanique classé Monument historique vous offre un cadre idéal, fleuri et coloré pour vos balades romantiques, véritable havre de beauté. Mais en réalité, s'il est plaisant de s'y promener, j'aime cet endroit avant tout pour ses musées. Parmi mes préférés : la Galerie de Paléontologie et d'Anatomie comparée (dans laquelle je peux passer des heures) et la Grande Galerie de l'Évolution dont on va parler dans cet article. Outre l'exposition continue d'une grande richesse et d'une qualité irréprochable, la Grande Galerie de l'Évolution nous propose depuis le 12 octobre 2016 une exposition sur les ours nommé astucieusement Espèces d'ours !.

Faisons un petit tour d'horizon des multiples salles à visiter. Pour commencer, la première partie de l'exposition traite de l'animal en lui-même, de ce qui le définit morphologiquement et anatomiquement, et passe en revue les huit espèces d'ours vivant actuellement sur la planète chacune représentée par un ou plusieurs spécimens naturalisés : ours brun, ours blanc, ours noir, ours à collier, ours à lunettes, ours malais, ours lippu et grand panda. Les habitudes alimentaires, les modes de vie, les modes de reproduction et l'hivernation y sont détaillés à l'aide de superbes vidéos, de jeux interactifs, et de spécimens.
Squelette d'ours des cavernes (Ursus spelaeus).
Puis vient le moment de s'interroger sur l'origine des ours et sur leur histoire naturelle. C'est ce que nous propose la seconde salle qui expose des arbres phylogéniques, des images de proches parents d'ours actuels et surtout de magnifiques fossiles dont deux imposants squelettes d'ours des cavernes importés du Muséum d'Histoire Naturelle de Toulouse. On apprend donc les liens de parentés qui unissent les ours et les autres espèces actuelles et fossiles et on se plaît à découvrir leurs ancêtres aujourd'hui éteints.

Les Hommes entretiennent avec les ours des liens culturels, mythologiques parfois, qui ont évolués avec le temps et les différents peuples. Les rites, les fêtes, les contes et les croyances sont nombreux et variés ; ils montrent à quel point l'ours tient une place privilégier dans les cultures humaines, en témoigne par exemple les prénoms dérivant du mot « ours » : Arthur, Ursule, Bernard, ou bien les expressions populaires contenant ce même mot. Cela tient sans doute à l'aspect relativement anthropomorphique de l'ours, notamment lorsqu'il se tient sur ses deux pattes postérieures ou lorsqu'il saisit des objets. Cette partie de l'exposition est très intéressante et met en relief la cohabitation de l'Homme et de l'ours.

Collier en griffes d'ours, peau, perles et fibre végétale.
Indiens des plaines, États-Unis, début du 19e siècle.
À droite, emballage d'un médicament contenant de la bile d'ours.
L'aspect historique est approfondi par la suite et montre l'évolution des rapports entre l'Homme et l'ours au cours du temps. Les magnifiques représentations pariétales de la grotte Chauvet-Pont d'Arc par exemple (que je trouve personnellement à couper le souffle), les parures de dents et autres petits objets témoignent de l'intérêt que portaient les hommes préhistoriques pour cet animal. Plus tard, l'ours est passé d'animal admiré durant l'Antiquité, symbole de force et de puissance, à animal déchu par le christianisme durant le Moyen-Âge, auquel on associe les péchés capitaux de glouton, lubrique, colérique, paresseux. L'ours est par la suite chassé, dompté, muselé, enchaîné et humilié publiquement par les montreurs d'ours. Il est toujours exploité dans certains cirques à travers le monde.


L'avenir de l'ours est envisagé dans la partie suivante qui nous présente par des posters et des vidéos la situation actuelle de l'ours dans le monde : les effectifs, les aires géographiques qu'ils occupent, les menaces qui pèsent sur eux. Ces menaces sont essentiellement au nombre de trois : la destruction de leur habitat naturel (déforestation, extension des zones agricoles), l'urbanisation des milieux sauvages (braconnage, pollution) et le réchauffement climatique. Le cas de l'ours des Pyrénées est particulièrement développé car il représente une véritable question d'ordre publique : faut-il réintroduire l'ours dans les Pyrénées ? Les avis de nombreux acteurs : géologues, biologistes, zoologistes mais aussi politiques, éleveurs d'ovins et bergers permettent de se faire une idée de la situation et de se faire son avis sur le sujet.
Enfin, l'exposition se termine par les ours du Muséum : naturalisés, photographiés, peints ou sculptés.

L'ours réhabilité au XXe siècle : l'ours en peluche.

L'exposition Espèces d'ours ! est vraiment surprenante. Je ne me suis pas ennuyé une seule seconde ! Le contenu est très riche mais toujours abordable, il y a beaucoup d'informations « savantes » mais à chaque fois très bien expliquées et avec beaucoup de clarté (par exemple les comparaisons anatomiques de l'ours, du loup et du cerf pour expliquer le terme « plantigrade »). Ce qui fait la force de cette exposition est sans aucun doute l'interactivité ! De multiples jeux, vidéos, questions/réponses, permettent d'assimiler bien plus efficacement les informations et de tester les connaissances acquises. Mention spéciale aux « plaques chauffantes » qui nous autorisent à toucher de la main des plaques pour sentir la chaleur du corps d'un ours en comparaison avec celui d'une marmotte, lorsqu'ils sont en activité et lorsqu'ils hibernent, c'est une brillante idée. Les vidéos qui jalonnent l'exposition nous offrent des images superbes, drôles, émouvantes parfois. Il est également plaisant de constater que de nombreux angles ont été abordés, aussi bien zoologique qu'écologique, historique, sociologique voire psychologique. La durée et la richesse de l'exposition sont tout à fait raisonnables : il m'a fallu environ trois heures pour tout voir dans les moindres détails.
Sur la liste des quelques défauts, j'ai noté une « fausse note » dans la partie sur l'histoire naturelle de l'ours. En effet, une des vidéo est particulièrement lente et « molle », sans aucune interactivité, sans sons, montrant simplement une carte, des dates et du texte qui évoluent. Je suis pourtant passionné de paléontologie, mais là, j'admets avoir éludé cette vidéo pour d'autres bien plus intéressantes. Autre petit détail, au début de l'exposition, une carte montrant les zones géographiques d'habitation de l'ours, n'est selon moi pas très lisible car elle utilise des nuances de couleurs assez proches (rose, violet). Enfin, la partie sociologique aurait mérité d'être un peu plus approfondie, elle reste trop superficielle, et semble ne montrer qu'un certain nombre de curiosités folkloriques sans réelle analyse. Davantage de témoignages auraient été un bon point.


Les rares petits défauts n'entachent absolument pas le plaisir que j'ai eu à parcourir les allées de l'exposition. Espèces d'ours ! est une exposition familiale où on apprend des tas de choses sur ces bêtes à poils tout en s'amusant. Si n'y êtes pas déjà allé, vous avez jusqu'au 19 juin pour la découvrir ! Courrez-y vite !

Pour les plus curieux :
- Le site du Muséum National d'Histoire Naturelle : https://www.mnhn.fr/

dimanche 30 avril 2017

Bach to Paradise : un grand classique

Éloignons-nous quelque peu de nos horizons rationnels habituels pour nous consacrer aujourd'hui à un événement beaucoup plus spirituel et artistique. Ce billet, vous l'aurez peut-être compris, traitera de musique. Mais pas de panique ! Vous découvrirez par la suite, qu'avec moi la science ne reste jamais trop éloignée.
Grand amphithéâtre de la Sorbonne.


Statue de Lavoisier par Dalou.
L'événement se produit dans l'une des salles les plus majestueuses que j'ai vues : le grand amphithéâtre de la Sorbonne. Immédiatement scotché par la grandeur de cette salle et la richesse de sa décoration, j'ai passé mon temps d'attente à en scruter les moindres recoins. À commencer par son imposante et magnifique toile étendue le long de la scène : Le Bois Sacré (1884-1889) de Pierre Puvis de Chavannes, représentant une allégorie de la Sorbonne et des différentes disciplines de lettres, de sciences et d'arts qui y sont enseignées. Autres particularités, ce sont ces six niches encerclant l'amphithéâtre dans lesquelles sont sculptées six statues : les deux fondateurs, Robert de Sorbon et Richelieu, deux hommes de lettres, Descartes et Rollin et deux hommes de sciences (tiens, tiens...) Lavoisier et Pascal. Ces sculptures fantastiquement réelles représentent ces illustres personnages siégeant à nos côtés comme pour assister à la représentation qui va suivre. Patienter au sein d'un si beau paysage n'a plus rien de pénible.

La représentation de ce soir, intitulé Bach to Paradise, est un concert de musique, classique mais pas seulement, associant la Clef des Chants Ensemble, une chorale associative parisienne, pour le chœur, le McFly Orchestra pour l'orchestre, Guray Basol au piano et Shi Qiu en ténor solo ; le tout sous la direction de Benoît Reeves (un nom qui vous dit quelque chose ?). L'introduction est faite par l'une des jeunes choristes, pas tant intimidée que cela devant tant de spectateurs, bien que relativement accrochée à ses fiches. Elle nous présente l'événement, les participants et l'invité d'honneur qui n'est autre que... Hubert Reeves ! (Chouette ! voilà mon lien avec la science !)

Hubert Reeves.

Hubert Reeves, astrophysicien de métier, mélomane, grand vulgarisateur des sciences, défenseur de l'environnement et de la biodiversité, monte alors tranquillement sur scène, en toute décontraction. Son discours est philosophique, émouvant et passionnant. Il s'attache à imaginer les liens qui unissent musique et astronomie. Selon lui, les étoiles ne chantent peut-être pas mais elles émettent beaucoup de bruit ! Un bruit astronomique qu'on ne peut bien heureusement pas entendre car le vide ne permet pas de le véhiculer. L'univers est né dans un état de chaos et les éléments issus de ce chaos se sont peu à peu assemblés et structurés. Les structures ainsi formées (systèmes solaires, planètes,...) se sont complexifiées avec le temps pour donner des niveaux de structures incroyablement complexes comme les organismes vivants. Le cerveau est ainsi le niveau ultime de complexité. Hubert Reeves décrit cela comme une pulsion de l'univers à la création. Or, les artistes et en l’occurrence les musiciens possèdent également cette pulsion de la création. Beaucoup d'artistes s'étant confrontés à de rudes obstacles au cous de leur vie (Beethoven devient sourd, Van Gogh dément) ont continué leur art ; et lorsqu'on leur demande la raison, ils répondent tous invariablement : ''parce que je ne peux pas faire autrement !''. Les musiciens et plus généralement les artistes ajoutent des couleurs, des harmonies, de la beauté au monde ; peut-être finalement pour prolonger le travail de l'univers. C'est en cela que l'on peut relier les étoiles et la musique.

Le discours d'Hubert Reeves achevé, le spectacle peut commencer. Il est divisé chronologiquement en deux parties : une première reprenant des morceaux de musiques classiques et une seconde reprenant des chansons pop actuelles.
Benoît Reeves.
Lors de la première partie se succèdent les œuvres de Bach, Mozart, Vivaldi et Puccini. Autant dire tout de suite que mes connaissances en musique classique sont très maigres. J'ai donc accueilli le concert vierge de toute appréhension ou attente. Ce que j'ai vécu, rarement je l'ai vécu : une vive émotion dès les premières notes. L'intensité des chœurs associée à la virtuosité de l'orchestre et bien entendu la richesse des compositions classiques m'ont convaincu que la musique classique est un formidable véhicule d'émotions : joie, tristesse, amour, folie... Je voudrais également manifester toute mon admiration envers le chef d'orchestre, Benoît Reeves, fils d'Hubert Reeves qui a mené d'une main de maître le spectacle, qui a su maintenir la cohésion entre les artistes tout le long de la soirée et qui s'est particulièrement lâché lors de la seconde partie.

La seconde partie de soirée justement, s'est tournée vers la musique plus contemporaine. La chorale, toujours accompagnée de l'orchestre, a repris les titres d'artistes célèbres tels que Queen, Coldplay, Adele, Téléphone et Léonard Cohen ; et l'ambiance a basculé ! Les reprises étaient énergiques, entraînantes et par définition plus populaires : point de bienséance, l'heure était à la fête ! On retiendra l'humour de la mise en scène sur I want to break free et l'inventivité de la chorégraphie sur Don't stop me now de Queen, l'émotion transmise par la chanson Fix You et les jeux de lumière sur Paradise de Coldplay et surtout les déhanchés endiablés de Benoît Reeves. On a chanté, on a dansé, on a claqué des mains, on a tapé des pieds, on a agité des tiges fluorescentes, bref on s'est éclaté. Le rappel a été réclamé avec fougue. Ainsi nous ont-ils fait profiter du dernier morceau de la soirée : Africa du groupe Toto. Quelques bémols sont tout de même à déclarer selon moi : tout d'abord, l'absence de pianiste ou claviériste pendant la seconde partie (alors qu'il était présent pour la partie classique) alors même qu'une bande-son instrumentale et numérique était diffusée et contenait des parties jouables au clavier, un petit manque donc d'authenticité. Autre élément qui me fait bondir en tant que guitariste, c'est lorsque les soli de guitare sont purement et simplement retirés des reprises plutôt que réadaptés. Des désaccords bien mineurs au vue de l'amusement et des émotions que j'ai ressentis au cours de la soirée.


En conclusion : beaucoup, beaucoup d'émotions lors de cette belle soirée. Un spectacle sans prise de tête, qui ne se prend pas au sérieux mais qui est joué avec un très grand professionnalisme et beaucoup de talent. La preuve encore une fois que la musique rassemble et fait vibrer ; qu'on peut aimer à la fois la musique classique et la pop, que l'ouverture d'esprit permet de se découvrir de nouvelles passions insoupçonnées et de se découvrir soi-même un peu plus. Bravo.

La chorale Clef des Chants Ensemble accompagnée de l'orchestre McFly Orchestra.

Pour les plus curieux :
- http://www.clefdeschants.fr
- http://www.hubertreeves.info/index.html
- http://benoit-reeves.fr
- http://www.sorbonne-universites.fr
- http://www.sorbonne.fr

samedi 22 avril 2017

Brève : La marche pour les sciences


Je profite de ce billet pour offrir un modeste soutien numérique à mes collègues scientifiques et à tous les citoyens responsables qui iront marcher aujourd'hui pour la Science.
Il n'existe pas de vérité absolue : un cylindre est à la fois un cercle et un rectangle, tout dépend du point de vue que l'on prend ! Mais la science continuera d'avancer tant qu'il sera possible de débattre, de contester, et de se questionner à partir de faits concrets. Elle consiste à tourner le cylindre dans tous les sens et dans toutes les directions de l'espace, de regarder à l'intérieur et d'observer ses interactions avec l'environnement, pour statuer sur son caractère circulaire, rectangulaire ou autre.
La Science n'est pas seulement affaire de scientifiques. Tous les citoyens de tous les pays du monde sont concernés par les sujets de société relevant de problématiques scientifiques : climat, biodiversité, santé,... j'en oublie beaucoup ! La Science n'a pas de frontières, de couleur de peau, de religion, d'âge, de sexe. Défendre la Science c'est promouvoir la méthode scientifique dans la prise raisonnée de décision, l'esprit critique dans nos choix, la curiosité, la volonté de ne rien considérer comme acquis ou comme vrai sous prétexte que le voisin d'à côté le prétend ; c'est repousser toute forme d'obscurantisme, de faits alternatifs et de dogmes.
Je suis d'un naturel plutôt optimiste, et je considère que la Science ne peut apporter que du progrès et du bien à l'humanité. C'est sûrement utopique et faux ! Ce peut être vrai si les citoyens y mettent leur grain de sel, contestent, questionnent, soulèvent des problèmes. Ce peut être vrai si les faits scientifiques sont considérés à leur juste titre : ni surinterprétés, ni totalement niés.
Merci à tous pour votre soutien pour la science ! Continuez de vous intéresser à tous les sujets, et surtout restez curieux !!!

dimanche 15 janvier 2017

Nous sommes tous africains


Michel Brunet au Collège de France
En cette fraîche journée de janvier, la médiathèque de Villejuif (Val-de-Marne) accueillait dans sa modeste salle culturelle un éminent paléo-anthropologue. Michel Brunet, titulaire de la chaire de paléontologie au Collège de France entre 2008 et 2011 et chercheur au CNRS, a consacré une grande partie de sa vie à la recherche de l'origine de l'Homme. À l'occasion de la sortie de son livre au titre percutant : ''Nous sommes tous africains'', il nous livre au travers de conférences du même nom ses principales conclusions.

À l'heure actuelle, le plus vieux fossile d'hominidé mis au jour porte le nom de Toumaï et est âgé de quelques 7 millions d'années. Il fut exhumé par Michel Brunet et son équipe au Tchad, en plein cœur de l'Afrique, bien à l'ouest du grand rift est-africain remettant ainsi en cause la célèbre théorie de l'East Side Story d'Yves Coppens. Le message de Michel Brunet est clair : l'Afrique est le berceau de l'humanité et la grande histoire de l'Homme commence il y a au moins 7 millions d'années.

Évacuons tout de suite les rares défauts que j'ai pu trouver à cette conférence remarquablement menée. La structure de l'exposé est un peu floue et les idées dérivent parfois de la problématique de départ. Mais c'est peut-être là le principal défaut de monsieur Brunet : son penchant pour la digression. De plus, de nombreuses études en faveur des origines africaines de l'Homme ne sont pas mentionnées dans cette conférence, probablement dans un souci de vulgarisation (étude de l'ADN mitochondrial, du chromosome Y, etc.).

Crâne de Toumaï âgé de 7 Ma.
http://emf.fr/
Mais le point fort de cette conférence est sans nul doute l'émotion qui s'en dégageait. Michel Brunet a certes un grand talent de vulgarisateur mais aussi, et surtout, un talent de conteur. il nous livre un véritable récit de vie qui retrace avec humour et poésie l'origine de l'Homme. Véritable aventurier et explorateur, Michel Brunet nous conte avec passion et émotion une « chasse aux champignons » de plus de 25 ans : des conditions extrêmes de l'Antarctique à ses recherches au Tchad, en Afghanistan, en Libye, en passant par la découverte émouvante d'Abel, celle de Toumaï, et la coopération franco-tchadienne, il nous fait le témoignage d'une vie de paléontologue pleine de surprises, de rebondissements, de déceptions, de peur, de joie et de tristesse.


Michel Brunet, un brin provocateur, véhicule un message d'humanité et d'égalité entre les Hommes. C'est la science au service de l'Humain. Cette aventure qui est la notre est si belle, si ancienne, et a tant d'importance pour notre avenir. Nous n'avons pas fini d'écrire tous les chapitres de ce livre passionnant, mais une chose est sure : « les premiers Hommes étaient africains, et ils étaient noirs ».