dimanche 16 octobre 2016

La science à l'école ?

Voilà maintenant plus d'un mois que les portes des écoles se sont (ré)ouvertes à nos chers bambins pour cette année 2016-2017. Si pour certains cela est synonyme de fin de l'été et des vacances, c'est avant-tout le retour à un apprentissage assidu et quotidien. Longtemps on résumait les objectifs de l'école à la devise ''apprendre à lire, écrire et compter'', comme s'ils constituaient des clés suffisantes à la formation d'individus libres et éclairés, occultant totalement les notions d'épanouissement personnel, de connaissance de l'Autre, et de découverte de l'environnement au sens large. La science, jusqu'au milieu des années 90, ne constituaient qu'une fraction infime des enseignements à l'école Primaire. En 1996, selon le Ministère de l'Education Nationale, moins de 5% des classes primaires proposaient des cours de science aux enfants.
Mais après-tout, y a-t-il une quelconque raison valable d'enseigner la science aux enfants ? N'est-elle pas réservée à une élite d'intellectuels, à des personnes à l'intellect sur-développé capable de résoudre les mystères insolubles de l'infiniment grand ou l'infiniment petit, des équations mathématiques complexes, de la manipulation génétique, des neurosciences ? L'apprentissage des sciences est un travail de longue haleine mais nul besoin de devenir spécialiste. Il ne s'agit pas uniquement de cumuler des connaissances pointues mais simplement de s'imprégner d'une véritable culture commune. Voici à mon sens les raisons pour lesquelles, premièrement les sciences doivent être enseignées, et deuxièmement à un âge des plus précoces, celui où l'enfant questionne, s'interroge et découvre le monde.

La raison probablement la plus évidente à l'enseignement des sciences est l'ouverture de l'enfant sur le monde et sur lui-même. La science est une ''paire de lunettes'' permettant de voir le monde sous un certain angle. Ce n'est bien sûr pas le seul moyen de l'aborder, mais c'est en tout cas le moyen le plus rationnel. Il n'est pas question de soustraire à l'apprentissage de l'enfant l'émotion, l'humanisme, la créativité, les arts, qui de toute façon ne sont pas nécessairement opposés à une vision du monde à travers les sciences, mais plutôt de se familiariser avec son environnement et avec un monde de plus en plus scientifique et technique. Cette ouverture sur le monde amène nécessairement à la découverte de l'Autre, de la différence : l'autre en tant qu'individu, en tant qu'être vivant, ou en tant que matière. Connaître les autres amène à les comprendre et à les accepter, à définir sa propre identité et sa place dans le monde.
L'acquisition de connaissances brutes n'est cependant pas suffisante. Il est nécessaire d'intégrer ces connaissances au sein d'une véritable culture scientifique commune. Un socle commun de connaissances fondamentales doit être défini et intégré dans l'enseignement global. Il est ridicule d'imaginer l'enseignement des sciences déconnecté de toute autre discipline. L'intégration des connaissances scientifiques dans divers contextes et la création de liens avec d'autres domaines variés, en d'autres termes la multidisciplinarité, sont nécessaires à l'élaboration d'une culture scientifique cohérente et pertinente. Elle doit permettre d'aborder sereinement et de comprendre les grands enjeux du XXIe siècle. Ce monde scientifique et technique dans lequel nous vivons pose un certain nombre de questions dont il est important de sensibiliser progressivement les enfants. Cela afin de leur permettre de prendre des décisions pertinentes en toute connaissance de cause dans leurs futures vies d'adultes.
George Charpak
Prix Nobel de physique en 1992 

Ces quelques éléments de réponse à la question ''pourquoi ?'' ne nous renseignent pas sur le ''comment ?''. À cela, des messieurs comme Georges Charpak (Prix Nobel de physique en 1992), Pierre Léna et Yves Quéré, tous membres de l'Académie des sciences, ont apporté leurs réponses à travers la fondation La main à la pâte dont je parlerai un petit peu plus tard. Pour eux, l'enseignement des sciences ne peut se faire que par le questionnement, la formulation d'hypothèses et l’expérimentation. Aucune raison de considérer l'enfant comme une coquille vide que l'on emplit de connaissances brutes mais bien comme un acteur de son apprentissage. Tout débute par le questionnement, point de départ de toute recherche scientifique. Laisser se développer la curiosité de l'enfant est la clé d'un apprentissage réussi. Le professeur n'est plus là pour donner les réponses, l'enseignement n'est plus vertical. Le questionnement débouche sur la formulation des hypothèses à travers lesquelles l'enfant s'exprime, laisse place à son imagination parfois trop sous-estimée chez les scientifiques. Enfin, les hypothèses formulées, il est temps de les vérifier. Pour cela, un seul moyen : entamer une conversation avec la nature, car c'est elle qui détient et transmet les réponses, à travers l'expérimentation. Celle-ci doit rester la plus simple possible, la plus tangible : pas question d'utiliser des oscilloscopes, microscopes ou voltmètres ; l'instrumentation doit se limiter à de la ficelle et un poids (pour un pendule), de l'eau et du sucre (pour la dissolution), etc. L'enfant doit rester dans un univers familier pour se sentir en confiance. Selon Yves Quéré, la science et l'expérimentation constituent un langage qui permet de communiquer avec la nature et qui se mêle à notre langage quotidien. Pour le développer, il est nécessaire que l'enfant tienne un cahier d'expériences qu'il rédige avec ses propres mots petit à petit au fil des expériences. La description des choses reposent sur la science et on compte sur elle pour nous dicter les événements futurs. On formule alors des phrases qui se révèlent universelles dans l'espace et le temps (''si je lâche un pomme, elle tombe.''). La science exige donc un vocabulaire, un lexique et une syntaxe précis que l'enfant pourra maîtriser. L'enseignement doit porter sur des thèmes combinant mathématiques, physique, biologie mais aussi éthique, histoire, géographie, langues et ainsi se créent des liens, des connexions, des relations constituant une culture à part entière.

Pour finir, quelques mots sur la fondation La main à la pâte qui m'a inspiré cette article et m'a poussé à étudier le sujet. Elle a été fondée en 2011 par l'Académie des sciences, l'École normale supérieure de Paris et l'École normale supérieure de Lyon, et s'inscrit dans la continuité de l'opération du même nom initiée en 1995 par George Charpak. Son objectif vise à faire découvrir aux élèves les sciences de manière vivante et accessible, favoriser leur épanouissement, lutter contre les inégalités et renforcer le vivre ensemble. La fondation s'adresse prioritairement aux enseignants et à leurs formateurs dont elle enrichit et valorise les initiatives en France et à l'étranger. La vision de La main à la pâte est claire, elle cherche à promouvoir : une science vivante, une science pour tous, une science pour vivre ensemble.


Source: 


  • École normale supérieure, Académie des sciences, École normale supérieure de Lyon (site consulté en octobre 2016). Fondation La main à la pâte. Adresse URL : http://www.fondation-lamap.org/fr


  • Yves Quéré, Pourquoi et comment enseigner les sciences aux enfants, conférence donnée dans le cadre des Mardis de l'Espace des sciences, 20 octobre 2009.

dimanche 10 juillet 2016

C'est peau trop tôt !

On y est ! L'été a enfin pointé le bout de son nez, et le soleil aussi... enfin on espère. L'occasion pour moi de vous parler d'une organe dont vous n'avez peut-être même pas idée du rôle considérable qu'il joue : la peau !

Notre enveloppe charnelle, composée de quelques 2000 milliards de cellules, est l'organe le plus lourd du corps humain : environ 5 Kg pour un homme adulte. Si on étalait la totalité de sa surface au sol, notre peau recouvrirait une surface moyenne de 2 m2. Le premier rôle de notre peau est bien sûr de constituer un bouclier de défense contre le milieu extérieur mais aussi de retenir à l'intérieur de notre organisme l'eau et les électrolytes qu'il contient. Mais ce n'est pas tout ! Au delà d'autres fonctions physiologiques que j'aurai à cœur de décrire plus tard, la peau possède une forte fonction identitaire. C'est l'organe que l'on voit dans le miroir, celui que l'on montre aux autres et celui qui définit notre identité sociale et ethnique aux yeux des autres. Un organe aux multiples facettes, d'une complexité surprenante et soumis quotidiennement à de multiples agressions.

De quoi est constituée notre peau et quelles sont ses fonctions ? C'est ce que je vais humblement essayer de vous expliquer dans une suite d'articles rédigés par mes soins. On commence aujourd'hui par une petite mais efficace présentation des principales cellules qui constituent notre peau.


LES CELLULES DE LA PEAU.


I. Les kératinocytes : véritables briques d'un mur imperméable.


Les kératinocytes sont les cellules les plus abondantes de l'épiderme, ils représentent en effet 80% de la totalité des cellules le composant. Ils doivent leur nom à leur cytosquelette (le squelette cellulaire) composé de tonofilaments, filaments intermédiaires de 10 nm de diamètre constitués de kératines.
Naissant par mitose au niveau de la couche la plus profonde de l'épiderme (la couche basale), ils migrent ensuite vers la surface et se différencient. Cette différenciation les conduit à perdre leur noyau et tous leurs organites par apoptose à mesure qu'ils approchent de la surface, aboutissant ainsi à un véritable mur de briques constitué de cadavres cellulaires totalement kératinisés : les cornéocytes.
Ils assurent trois grandes fonctions primordiales : la cohésion de l'épiderme par l'existence de jonctions d'ancrage qui relient le cytosquelette de deux cellules adjacentes ou bien le cytosquelette d'une cellule avec la matrice extra-cellulaire ; la formation d'une barrière entre le monde extérieur et le monde intérieur par l'existence de jonctions étanches au niveau apical des cellules et enfin la protection contre les radiations lumineuses grâce aux mélanosomes contenant les pigments de mélanines.

Ils sont également responsables de la synthèse de lipides polaires, de protéines et d'enzymes, concentrés dans les kératinosomes et secrétés ensuite par exocytose. Ils forment ainsi un véritable ciment intercellulaire.

II. Les mélanocytes : quand notre peau gagne des couleurs.


Les mélanocytes sont quantitativement la seconde population de cellules la plus répandue dans l'épiderme. Ces cellules arrondies, claires à noyau rond et dense voient leurs corps cellulaires situés exclusivement au niveau de la couche basale de l'épiderme. Elles entretiennent cependant des contacts étroits avec les kératinocytes via des extensions cytoplasmiques appelées dendrites (sortes de tentacules) qui, elles, s'étirent jusqu'aux couches supra-basales. Un mélanocyte peut ainsi être en contact avec quarante kératinocytes. Les nombreux contacts existants entre ces deux populations de cellules sont appelés synapses pigmentaires par analogie à la synapse neuronale.
Les mélanocytes sont les usines de la peau dédiées à la fabrication d'un pigment : la mélanine. Celle-ci est synthétisée via des cascades enzymatiques à partir de la tyrosine (un acide aminée). Il existe deux types de mélanine : l'eumélanine (noire, brune) la plus répandue et photoprotectrice, et la phéomélanine (rouge et jaune) présente notamment chez les personnes rousses. L'ensemble de ces pigments est synthétisé et concentré au sein d'une multitude d'organites intra-cellulaires appelés mélanosomes.
Ces mélanosomes, et la cargaison qu'ils transportent, vont tout d'abord migrer vers les extrémités des dendrites puis être ensuite transférés aux kératinocytes via des mécanismes encore mal élucidés : exocytose, phagocytose ?

Le rôle des mélanocytes et des pigments qu'ils synthétisent est bien sûr la protection contre les rayonnements visible et ultra-violet. La mélanine est en effet capable d'absorber le rayonnement lumineux dans cette gamme de longueurs d'onde. Le phototype cutané, ou couleur de peau, ne dépend pas du nombre de mélanocytes (sensiblement le même chez tous les adultes) mais bien de la nature et de la quantité de pigments synthétisés.

Mélanocytes humains observés au microscope électronique à transmission. A droite, détail sur les mélanosomes.
(crédit photo : http://biologiedelapeau.fr)

III. Les cellules immunitaires : la police des frontières.


L'épiderme assure une fonction de défense face aux micro-organismes potentiellement pathogènes de l'environnement, c'est la raison pour laquelle il contient un contingent de cellules immunitaires dont la plus étudiée est la fameuse cellule de Langerhans.

Initialement découvertes par Paul Langerhans en 1868, on leur attribua d'abord un rôle de neurones intra-épidermiques. Elles représentent 3 à 8% des cellules de l'épiderme. Ce sont des cellules étoilées, présentant de nombreuses extensions cytoplasmiques, d'où leur appellation de cellules dendritiques et forment au sein de la peau un réseau dense. En microscopie électronique, elles sont reconnaissables par l'existence d'organites en forme de raquette de tennis appelés granules de Birbeck.

Cellule de Langherans observée en ME à transmission.
(crédit photo : http://biologiedelapeau.fr)
On sait aujourd'hui qu'elles dérivent d'une cellule souche hématopoïétique au cœur de la moelle osseuse et qu'elles migrent ensuite vers le tissu cutané. Les cellules de Langerhans sont des cellules présentatrices de l'antigène (CPA) professionnelles. Elles sont capables de reconnaître des antigènes issus de pathogènes (bactéries, virus, champignons) via des récepteurs membranaires (TLR, lectines, récepteurs au fragment Fc des immunoglobulines, récepteur du complément) et de les internaliser ensuite par différents mécanismes : endocytose, macropinocytose et phagocytose. Une fois internalisés, les antigènes sont dégradés par des protéases en peptides d'une vingtaine d'acides aminés qui seront ensuite liés à un complexe moléculaire appelé : CMH de classe II (Complexe Majeur d'Histocompatibilité). L'ensemble du complexe moléculaire CMH II / antigène est ensuite exprimé à la surface de la cellule.

Détail d'un granule de Birbeck obrservé dans une cellule de Langherans en ME à transmission.
(crédit photo : http://biologiedelapeau.fr)
Une fois activée, la cellule de Langerhans va migrer vers les zones T des organes lymphoïdes secondaires sous l'influence de chémiokines et présenter l'antigène apprêté à des lymphocytes T naïfs pour activation de la réponse immunitaire (synthèse d'Il-12, induction d'une réponse de type Th1).

La cellule de Langerhans constitue donc l'un des premiers remparts en terme d'immunité face aux agressions microbiologiques. Elle n'est évidemment pas la seule, on retrouve également au sein du derme, d'autres cellules de l'immunité comme des cellules dendritiques (ne contenant pas de granules de Birbeck) et des lymphocytes.

IV. Les cellules de Merkel : la sensibilité à fleur de peau.


Situées au niveau de la lame basale de l'épiderme, les cellules de Merkel apparaissent en microscopie électronique comme étant plus claires et plus petites que les kératinocytes. Leur noyau est plurilobé, volumineux et pauvre en nucléoles. Elles possèdent, elles-aussi, de nombreux prolongements cytoplasmiques de plusieurs micromètres de long mais ce qui les caractérisent est la présence dans leur cytoplasme de nombreux granules sécrétoires localisés face aux terminaisons de neurones situés dans le derme (pôle basal). Leur origine est encore controversée, elle pourrait être épidermique et/ou neuronale.
Les cellules de Merkel représentent 0,5 à 5% des cellules de l'épiderme mais leur proportion varie en fonction de l'âge et de la région du corps ; les zones les plus peuplées étant les zones tactiles de grande sensibilité : lèvres, muqueuse orale, zones érogènes, où elles sont regroupées en paquets (clusters) d'une cinquantaine de cellules autour des terminaisons nerveuses.

Cellule de Merkel observée en ME à transmission.
(crédit photo : http://biologiedelapeau.fr)

Les cellules de Merkel sont des mécanorécepteurs responsables de la sensation tactile fine. Elles jouent un rôle clé dans le système neuro-endocrino-immuno-cutané et entrent en contact via leurs prolongements cytoplasmiques avec les kératinocytes, les cellules de Langerhans et peuvent établir des synapses avec les cellules nerveuses sensorielles. Elles sont capables de détecter par leurs microvillosités les déformations localisées de l'épiderme et libèrent les neuromédiateurs, qu'elles synthétisent en grand nombre et concentrent dans les granules sécrétoires, vers les fibres nerveuses proches.


V. Les cellules du tissu conjonctif : les fibroblastes, travailleurs du BTP et les adipocytes, le garde-manger de l'organisme.


Les fibroblastes sont les principales cellules du tissu conjonctif. Fusiformes ou étoilées, elles possèdent de longs prolongements cytoplasmiques. L'abondance des organites impliqués dans la synthèse des protéines (ribosomes, réticulum endoplasmique granulaire, appareil de Golgi) témoigne de leur rôle dans la synthèse et la sécrétion des protéines et polysaccharides composant la matrice extra-cellulaire du tissu conjonctif (fibres de collagène et d'élastine) donnant toute sa souplesse et son élasticité à la peau.

Les adipocytes sont des cellules sphériques, volumineuses facilement reconnaissables car elles possèdent une importante vacuole lipidique occupant la presque totalité du volume cytoplasmique. Le noyau est aplati et refoulé en périphérie contre la membrane plasmique. Les adipocytes concentrent les graisses au sein de leurs vacuoles sous forme de triglycérides et représentent ainsi l'une des plus importantes réserves énergétiques de l'organisme.

Conclusion


D'un point de vue cellulaire, on peut dors et déjà constater que la peau est un tissu très riche et complexe constitué de cellules différenciées et hautement spécialisées. Dans le prochain article sur le sujet, il me restera à vous montrer comment toutes ces cellules s'organisent pour former un tissu à la fois cohérent et fonctionnel.
Étant limité quelque peu par la forme de l'article qui se veut accessible et relativement succinct, il m'est impossible de détailler toutes les parties développées précédemment (mais d'autres sites le font merveilleusement bien). Cependant, si vous avez des questions sur ce sujet, je me ferai évidemment un plaisir d'y répondre.

Sources :

Ouvrages :
  • POIRIER Jacques, CATALA Martin, ANDRE Jean-Michel, GHERARDI Romain, BERNAUDIN Jean-François. Histologie, Les tissus. Paris : MASSON, 2006, 224p.
  • BACH Jean-François, CHATENOUD Lucienne. Immunologie, De la biologie à la clinique. Paris : Médecine-Sciences Flammarion, 2002, 369p.
Articles :
  • PROST-SQUARCIONI Catherine. Histologie de la peau et des follicules pileux. Médecine/Sciences, 2006, vol 22, p131-137.
  • VALLADEAU Jenny. Les cellules de Langherans. Médecine/Sciences, 2006, vol 22, p144-148.
  • DELEVOYE Cédric, GIORDANO Francesca, VAN NIEL Guillaume, RAPOSO Graça. La biogénèse des mélanosomes. Médecine/Sciences, 2006, vol 22, p153-162.
  • TESTARD-VAILLANT Philippe. Grand Angle : La peau, une histoire d'âge. Science&santé, 2016, n°31, p20-33.
Sites :

dimanche 22 mai 2016

Un livre qui vous veut du bien.

101 Conseils pour ne pas atterrir aux Urgences, Dr Gérald Kierzek.

Pour continuer ce blog en douceur, je vous présente un petit livre qui ne paie pas de mine, et qui vous montre à quel point je me soucie de mes potentiels futurs lecteurs, car comme le souligne le sous-titre : ''ce livre peut vous sauver la vie'' ! Et ce n'est pas de la publicité mensongère ! Le docteur Gérald Kierzek est anesthésiste, réanimateur et urgentiste à l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris et expert auprès des tribunaux. C'est également un passionné de vulgarisation médicale et sans doute l'avez-vous déjà aperçu, comme moi, à la télévision, dans le ''Grand 8'' notamment. Il publie en 2014 un livre dans lequel il nous donne quelques conseils simples à mettre en place pour prévenir des accidents domestiques et ainsi sauver notre peau et celles de nos proches : 101 conseils pour ne pas atterrir aux urgences.

Le bouquin commence sur une préface de l'illustre docteur Michel Cymes, lui aussi accoutumé du petit écran, bien plus que Gérald Kierzek d'ailleurs. Et je dois dire, que cette préface m'a un peu surpris et même déçu (aïe ! Ça commence mal...). Le paragraphe sur la dure vie du médecin urgentiste, croulant sous le boulot et n'ayant pas une seconde pour se reposer, même s'il est justifié et fondé est totalement hors de propos. Ce n'est pas dans cette préface que le docteur Cymes devrait laver son linge sale mais plutôt auprès des dirigeants de l'Assistance Publique (mais ça c'est une autre histoire). De plus, la culpabilisation sous-jacente du patient se rendant aux urgences pour des urgences finalement pas très urgentes est nauséabonde. Seul le patient est en droit de définir son degré d'urgence jusqu'à ce qu'il ait eu un avis médical d'un professionnel compétent ! Je suis intimement persuadé que les gens ne se déplacent pas aux urgences par simple plaisir hypocondriaque ou sadique envers le personnel de santé. J'aime beaucoup Michel Cymes, je suis admiratif de son travail de vulgarisation et de désacralisation de la maladie à la télévision. Il est l'un des seuls actuellement à pouvoir aborder sérieusement des thématiques médicales, souvent anxiogènes, sur le petit écran et à les rendre plus accessibles et moins flous, parfois même avec légèreté. Mais selon moi, la préface est ratée. Pas de panique, le plus intéressant se trouve dans le suite du livre.

L'avant-propos précise le contexte dans lequel s'inscrivent les conseils qui seront ensuite prodigués, à savoir les accidents de la vie courante. Les accidents de la vie courante ou AcVC font chaque année en France 4,5 millions de blessés et sont responsables de 500 000 hospitalisations et 20 000 décès. Une partie non négligeable de ces accidents pourrait être évité en adoptant des comportements simples de prévention ou d'attention particulière. Il n'est donc pas superflu de rédiger un livre sur ce sujet dont le sous-titre aurait pu être : ''Mieux vaut prévenir que guérir''.

Le grand atout du livre est avant-tout sa praticité. Les conseils sont rangés en grands thèmes : ''à la maison'', ''confessions intimes'', ''sports, loisirs''... et sont toujours clairs et concis. Le titre qui leur est donné n'est pas toujours évocateur mais une brève description du contexte et du domaine d'application précède les conseils à proprement parler. L'information est ainsi facilement accessible et le livre peut être picoré sans avoir besoin de suivre un enchaînement logique. Les conseils prodigués sont justes, pratiques et pertinents, bien que parfois très évidents (''Outre le confort, la meilleure place en train, en bus ou dans le métro est une place assise'') et pas toujours à la portée de toutes les bourses. Nombreux sont les risques auxquels nous ne prêtons pas forcément attention. Ce livre permet de nous rappeler des recommandations simples de prévention. L'humanisme, le professionnalisme et le sérieux du Dr Kierzek empreignent l'ouvrage d'une réelle volonté de préserver la santé de ses lecteurs et quelques pointes d'humour viennent emballer ces pages de beaucoup d'optimisme.


Pour quelques euros et une heure ou deux de votre temps, vous serez capable à la suite de la lecture de ce livre d'éviter des accidents bêtes qui peuvent tourner à la catastrophe. Ce n'est pas très cher payé pour sauver des vies !

dimanche 3 avril 2016

Un espace de rencontre autour des biotechnologies à Lyon.

Cette année Lyon accueillait au sein de sa Cité Internationale, une manifestation adressée à tout bon petit rat de laboratoire, en tout cas en ce qui concerne la chimie et la biologie : Le Forum Labo Biotech. Rendez-vous professionnel incontournable pour les chercheurs, ingénieurs, techniciens, analystes et scientifiques en tout genre évoluant dans le domaine des biotechnologies, de nombreuses entreprises, allant de la start-up au groupe international, françaises, européennes et même mondiales, ont participé à cette petite sauterie. On pourra citer BIO-RAD, Biomérieux, Thermo Fisher Scientific, Waters, Olympus, Qiagen, Roche Diagnostics, VWR, Sigma-Aldrich et bien d'autres.

Cette manifestation, orchestrée par GL events dont les hôtes, les hôtesses et leur sourire ''ultra brite'' participaient à rendre l'ambiance plus chaleureuse, était proposée par le comité interprofessionnel des fournisseurs du laboratoire (CIFL). Elle présentait cette année de nombreuses nouveautés et avant-premières en équipements de laboratoire, consommables et instrumentation dans des domaines variées : pharmacie/cosmétologie, recherche/enseignement, sciences de la vie/biotechnologies, chimie/pétrochimie, agroalimentaire, diagnostic et recherche médicale, etc.

Grand point fort de ces deux journées, les conférences et formations. Les conférences scientifiques s'étalaient sur les deux journées entières et concernaient cette année deux grands thèmes : ''Vers la biologie 2.0 : outils innovants pour la gestion de l'accréditation en laboratoire de biologie médicale'' le premier jour par Horizons Qualité et ''La chromatographie de l'interdit : contrefaçons, fraude, dopage'' (payant) le deuxième jour par le Club Lyonnais de chromatographie de l'AfSep. Je ne peux malheureusement pas en dire davantage car je n'y ai pas assisté, j'ai préféré me concentrer sur les formations. Variées, ces formations étaient dispensées par les représentants scientifiques des différentes sociétés. Il fallait donc rester plutôt vigilant sur leur contenu, notamment lorsqu'on nous ventait les mérites d'une nouvelle méthode ou d'un nouvel appareillage. Mais globalement les formateurs donnaient l'impression de rester plutôt neutres. Il suffisait de dénouer ce qui tenait du discours scientifique de ce qui tenait du discours publicitaire. La qualité était au rendez-vous. Les formations auxquelles j'ai assisté abordaient les thèmes des technologies analytiques innovantes (spectrométrie de masse, ICP-MS, UHPLC), de nouvelles techniques d'extraction dite en Head Space (espace de tête), la maîtrise de la contamination particulaire, chimique et biologique, l'étude des interactions protéine-protéine et enfin, thème très à la mode, l'édition des gènes avec la technologie CRISPR.

Le salon se voulait être également un espace de rencontre entre professionnels et organisait des rendez-vous d'affaire dits Lab'Meeting dont l'inscription se faisait préalablement sur le site forumlabo.com.


Ces deux petites journées à Lyon furent denses et enrichissantes. Il est toujours constructif de rencontrer non seulement nos partenaires et fournisseurs de tous les jours mais également d'autres professionnels du domaine, exposants ou visiteurs, avec qui les échanges sont souvent riches. Dans un laboratoire, on peut vite avoir tendance à se renfermer et s'isoler du reste du monde : une grave erreur pour un scientifique ! Alors rangeons nos pipettes et autres boîtes de Petri et sortons nous rencontrer. Cela tombe bien, le forum Labo Biotech 2017 est déjà prévu et s'étendra sur trois jours, à Paris cette fois-ci. Alors rendez-vous le 29, 30 et 31 mars 2017 à Porte de Versailles !

samedi 2 avril 2016

Pourquoi écrire ?

Écrire. Lorsqu'on est plutôt de culture scientifique comme moi, écrire se résume souvent à des comptes-rendu de laboratoire, des modes opératoires ou des petits mots de transmission laissés aux collègues qui nous relaient. Rien à voir donc, a priori, avec la belle prose de nos plus célèbres grands auteurs.

Mais pourquoi écrire ? Plusieurs raisons m'ont poussé à franchir le pas. D'abord, étant de nature curieuse, je m'intéresse à de nombreux domaines et notamment scientifiques. Le partage des savoirs et savoirs-faire est primordial pour une civilisation. Et c'est aussi, je dois l'admettre, un plaisir personnel. Mais n'avez-vous jamais eu envie d'envoyer balader le type qui, se pensant ''puits de science'', vous bassinait sans arrêt avec son immense savoir ? Comme on le dit souvent, la culture c'est comme la confiture, moins on en a et plus on l'étale. Alors comment partager sans paraître prétentieux ? La réponse est simple : ne pas imposer son savoir mais simplement le proposer. Laisser entendre que l'on a les réponses à des questions que certains ne se posent peut-être pas. Rester accessible. Discuter. Et écrire. Simplement et intelligiblement. C'est le meilleur moyen d'exposer clairement ses idées, de citer ses sources, et de proposer des lectures supplémentaires ou complémentaires.

La seconde raison est plus intellectuelle. Dans le sens neurologique du terme. Écrire a clairement des vertus positives sur notre cerveau. Figer nos pensées et nos idées n'est pas une chose facile. Cela demande une réflexion poussée et intense pour finalement ne jamais dire ou écrire ce que l'on pensait exactement ! Car sitôt notre pensée scellée sur papier ou dans l'air, elle est déjà modifiée dans notre intellect. Cet effort fourni par notre cerveau pour produire une pensée claire lui est bénéfique avec le temps. Écrire, n'importe quoi sur n'importe quel sujet mais avec un minimum de raisonnement est une bonne thérapie contre le vieillissement de notre cerveau (vous n'avez qu'à constater la moyenne d'âge des académiciens pour vous en convaincre !).

Enfin, le partage et les discussions qui peuvent s'en suivre sont d'excellents moyens de se remettre en question et d'approfondir des sujets qu'on croyait connaître et qui finalement sont plus obscurs qu'on ne le pensait. Je ne prétends pas maîtriser parfaitement tous les sujets qui me tiennent à cœur, et au cours de ces publications je commettrai probablement des erreurs, même si naturellement je m'efforce de les réduire au maximum. Il est donc naturel de laisser une place à l'interactivité, même si elle est toute relative, via les éventuels commentaires. Je reste entièrement ouvert à toute discussion. Les commentaires, les propositions de lecture et autres sources complémentaires seront accueillis avec la plus grande curiosité.

C'est bien gentil tout ça, mais de quoi parlerons-nous ? Et bien de ce qui fait de moi ce que je suis : les sciences, la biologie, la médecine en tête de gondole. Mes premières amoures. J'en ai fait mon métier, je suis technicien de laboratoire médical à l'hôpital Saint-Antoine à Paris et étudiant ingénieur en analyse chimique et biologique au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM). Mais les sujets iront au gré des mes humeurs et de mes envies. Ainsi pourrions-nous peut-être aborder également des sujets de société ou d'art, notamment de musique. J'essayerai de ne pas trop me disperser tout en gardant à la fois une certaine liberté dans le choix des thèmes abordés. Réflexions personnels, critiques, anecdotes...tout est bon pour écrire un petit billet !


Pour conclure, je dirais comme le veut la tradition que tous les propos divulgués sur ce blog n'engage que son auteur et ne sont pas des vérités absolues ! À vous de vérifier les sources, compléter les informations, me dire que j'ai tort quand j'ai tort, et pourquoi. Bref. Gardez un esprit critique et surtout soyez curieux, ce dont, si vous avez lu toutes ces lignes, je ne doute pas.