dimanche 30 avril 2017

Bach to Paradise : un grand classique

Éloignons-nous quelque peu de nos horizons rationnels habituels pour nous consacrer aujourd'hui à un événement beaucoup plus spirituel et artistique. Ce billet, vous l'aurez peut-être compris, traitera de musique. Mais pas de panique ! Vous découvrirez par la suite, qu'avec moi la science ne reste jamais trop éloignée.
Grand amphithéâtre de la Sorbonne.


Statue de Lavoisier par Dalou.
L'événement se produit dans l'une des salles les plus majestueuses que j'ai vues : le grand amphithéâtre de la Sorbonne. Immédiatement scotché par la grandeur de cette salle et la richesse de sa décoration, j'ai passé mon temps d'attente à en scruter les moindres recoins. À commencer par son imposante et magnifique toile étendue le long de la scène : Le Bois Sacré (1884-1889) de Pierre Puvis de Chavannes, représentant une allégorie de la Sorbonne et des différentes disciplines de lettres, de sciences et d'arts qui y sont enseignées. Autres particularités, ce sont ces six niches encerclant l'amphithéâtre dans lesquelles sont sculptées six statues : les deux fondateurs, Robert de Sorbon et Richelieu, deux hommes de lettres, Descartes et Rollin et deux hommes de sciences (tiens, tiens...) Lavoisier et Pascal. Ces sculptures fantastiquement réelles représentent ces illustres personnages siégeant à nos côtés comme pour assister à la représentation qui va suivre. Patienter au sein d'un si beau paysage n'a plus rien de pénible.

La représentation de ce soir, intitulé Bach to Paradise, est un concert de musique, classique mais pas seulement, associant la Clef des Chants Ensemble, une chorale associative parisienne, pour le chœur, le McFly Orchestra pour l'orchestre, Guray Basol au piano et Shi Qiu en ténor solo ; le tout sous la direction de Benoît Reeves (un nom qui vous dit quelque chose ?). L'introduction est faite par l'une des jeunes choristes, pas tant intimidée que cela devant tant de spectateurs, bien que relativement accrochée à ses fiches. Elle nous présente l'événement, les participants et l'invité d'honneur qui n'est autre que... Hubert Reeves ! (Chouette ! voilà mon lien avec la science !)

Hubert Reeves.

Hubert Reeves, astrophysicien de métier, mélomane, grand vulgarisateur des sciences, défenseur de l'environnement et de la biodiversité, monte alors tranquillement sur scène, en toute décontraction. Son discours est philosophique, émouvant et passionnant. Il s'attache à imaginer les liens qui unissent musique et astronomie. Selon lui, les étoiles ne chantent peut-être pas mais elles émettent beaucoup de bruit ! Un bruit astronomique qu'on ne peut bien heureusement pas entendre car le vide ne permet pas de le véhiculer. L'univers est né dans un état de chaos et les éléments issus de ce chaos se sont peu à peu assemblés et structurés. Les structures ainsi formées (systèmes solaires, planètes,...) se sont complexifiées avec le temps pour donner des niveaux de structures incroyablement complexes comme les organismes vivants. Le cerveau est ainsi le niveau ultime de complexité. Hubert Reeves décrit cela comme une pulsion de l'univers à la création. Or, les artistes et en l’occurrence les musiciens possèdent également cette pulsion de la création. Beaucoup d'artistes s'étant confrontés à de rudes obstacles au cous de leur vie (Beethoven devient sourd, Van Gogh dément) ont continué leur art ; et lorsqu'on leur demande la raison, ils répondent tous invariablement : ''parce que je ne peux pas faire autrement !''. Les musiciens et plus généralement les artistes ajoutent des couleurs, des harmonies, de la beauté au monde ; peut-être finalement pour prolonger le travail de l'univers. C'est en cela que l'on peut relier les étoiles et la musique.

Le discours d'Hubert Reeves achevé, le spectacle peut commencer. Il est divisé chronologiquement en deux parties : une première reprenant des morceaux de musiques classiques et une seconde reprenant des chansons pop actuelles.
Benoît Reeves.
Lors de la première partie se succèdent les œuvres de Bach, Mozart, Vivaldi et Puccini. Autant dire tout de suite que mes connaissances en musique classique sont très maigres. J'ai donc accueilli le concert vierge de toute appréhension ou attente. Ce que j'ai vécu, rarement je l'ai vécu : une vive émotion dès les premières notes. L'intensité des chœurs associée à la virtuosité de l'orchestre et bien entendu la richesse des compositions classiques m'ont convaincu que la musique classique est un formidable véhicule d'émotions : joie, tristesse, amour, folie... Je voudrais également manifester toute mon admiration envers le chef d'orchestre, Benoît Reeves, fils d'Hubert Reeves qui a mené d'une main de maître le spectacle, qui a su maintenir la cohésion entre les artistes tout le long de la soirée et qui s'est particulièrement lâché lors de la seconde partie.

La seconde partie de soirée justement, s'est tournée vers la musique plus contemporaine. La chorale, toujours accompagnée de l'orchestre, a repris les titres d'artistes célèbres tels que Queen, Coldplay, Adele, Téléphone et Léonard Cohen ; et l'ambiance a basculé ! Les reprises étaient énergiques, entraînantes et par définition plus populaires : point de bienséance, l'heure était à la fête ! On retiendra l'humour de la mise en scène sur I want to break free et l'inventivité de la chorégraphie sur Don't stop me now de Queen, l'émotion transmise par la chanson Fix You et les jeux de lumière sur Paradise de Coldplay et surtout les déhanchés endiablés de Benoît Reeves. On a chanté, on a dansé, on a claqué des mains, on a tapé des pieds, on a agité des tiges fluorescentes, bref on s'est éclaté. Le rappel a été réclamé avec fougue. Ainsi nous ont-ils fait profiter du dernier morceau de la soirée : Africa du groupe Toto. Quelques bémols sont tout de même à déclarer selon moi : tout d'abord, l'absence de pianiste ou claviériste pendant la seconde partie (alors qu'il était présent pour la partie classique) alors même qu'une bande-son instrumentale et numérique était diffusée et contenait des parties jouables au clavier, un petit manque donc d'authenticité. Autre élément qui me fait bondir en tant que guitariste, c'est lorsque les soli de guitare sont purement et simplement retirés des reprises plutôt que réadaptés. Des désaccords bien mineurs au vue de l'amusement et des émotions que j'ai ressentis au cours de la soirée.


En conclusion : beaucoup, beaucoup d'émotions lors de cette belle soirée. Un spectacle sans prise de tête, qui ne se prend pas au sérieux mais qui est joué avec un très grand professionnalisme et beaucoup de talent. La preuve encore une fois que la musique rassemble et fait vibrer ; qu'on peut aimer à la fois la musique classique et la pop, que l'ouverture d'esprit permet de se découvrir de nouvelles passions insoupçonnées et de se découvrir soi-même un peu plus. Bravo.

La chorale Clef des Chants Ensemble accompagnée de l'orchestre McFly Orchestra.

Pour les plus curieux :
- http://www.clefdeschants.fr
- http://www.hubertreeves.info/index.html
- http://benoit-reeves.fr
- http://www.sorbonne-universites.fr
- http://www.sorbonne.fr

samedi 22 avril 2017

Brève : La marche pour les sciences


Je profite de ce billet pour offrir un modeste soutien numérique à mes collègues scientifiques et à tous les citoyens responsables qui iront marcher aujourd'hui pour la Science.
Il n'existe pas de vérité absolue : un cylindre est à la fois un cercle et un rectangle, tout dépend du point de vue que l'on prend ! Mais la science continuera d'avancer tant qu'il sera possible de débattre, de contester, et de se questionner à partir de faits concrets. Elle consiste à tourner le cylindre dans tous les sens et dans toutes les directions de l'espace, de regarder à l'intérieur et d'observer ses interactions avec l'environnement, pour statuer sur son caractère circulaire, rectangulaire ou autre.
La Science n'est pas seulement affaire de scientifiques. Tous les citoyens de tous les pays du monde sont concernés par les sujets de société relevant de problématiques scientifiques : climat, biodiversité, santé,... j'en oublie beaucoup ! La Science n'a pas de frontières, de couleur de peau, de religion, d'âge, de sexe. Défendre la Science c'est promouvoir la méthode scientifique dans la prise raisonnée de décision, l'esprit critique dans nos choix, la curiosité, la volonté de ne rien considérer comme acquis ou comme vrai sous prétexte que le voisin d'à côté le prétend ; c'est repousser toute forme d'obscurantisme, de faits alternatifs et de dogmes.
Je suis d'un naturel plutôt optimiste, et je considère que la Science ne peut apporter que du progrès et du bien à l'humanité. C'est sûrement utopique et faux ! Ce peut être vrai si les citoyens y mettent leur grain de sel, contestent, questionnent, soulèvent des problèmes. Ce peut être vrai si les faits scientifiques sont considérés à leur juste titre : ni surinterprétés, ni totalement niés.
Merci à tous pour votre soutien pour la science ! Continuez de vous intéresser à tous les sujets, et surtout restez curieux !!!